Le wheeling moto est une des manoeuvres les plus cools du pilotage à moto, et aussi l’une des plus exigeantes… Lever la roue avant d’un maxi trail de 260 kg comme la Yamaha Super Ténéré peut sembler insurmontable. Et pourtant, je me suis lancé le défi d’apprendre le wheeling moto en 21 jours. Dans cet article, je vous propose de revenir sur cette expérience, puis d’explorer les leçons et les réflexions que j’ai pu tirer pour progresser efficacement.
Pourquoi apprendre le wheeling moto ?
Pour certains, le wheeling est une démonstration de style, pour d’autres, un outil technique utile. En off-road, maîtriser le wheeling moto permet généralement d’améliorer la gestion des obstacles . Par exemple, franchir un tronc, une marche ou simplement une tranchée sur le chemin devient beaucoup plus intuitif lorsqu’on maîtrise cette manoeuvre et qu’on est capable de lever la roue avec aisance. Mais ce n’est pas qu’un outil technique, c’est aussi un immense plaisir ! Les sensations de contrôle et d’équilibre sont incomparables, et l’adrénaline au rendez-vous. Cela dit, ce n’est pas une compétence anodine et l’entraînement demande rigueur et patience.
Les 10 leçons apprises sur le wheeling à moto
L’objectif était clair : réussir à lever mon maxi trail et ses 260 kilos en 21 jours. Pour ceux qui ne me connaissent pas, je roule au guidon d’une Yamaha Super Ténéré de 2012 depuis 6 ans maintenant. Ces 21 jours, je les ai répartis sur un peu plus d’un mois, histoire d’optimiser le processus d’apprentissage (on voit ça plus bas). Avec plus de 2000 essais et 8h d’entraînement effectif cumulées, voici ce que j’ai retenu de cette aventure :
- Définir une stratégie claire : Découper le processus en étapes simples et de difficultés croissantes permet de garder la motivation et de célébrer chaque petite victoire. Ne partez pas dans tous les sens, focalisez votre attention sur un aspect de la manoeuvre avant de passer au suivant.
- Oublier le frein arrière au début : La peur se traduit généralement par une fermeture des gaz à la poignée. Le frein moteur entre en action et il suffit généralement à redescendre la roue au sol. Du coup, il est très peu probable de basculer en arrière au début d’apprentissage, particulièrement avec un maxi Trail de plus de 200 kilos. Pour ne pas s’emmêler les pinceaux dès le début, je recommande d’intégrer le frein arrière uniquement lorsque vous parvenez à systématiquement décoller la roue du sol, et que vous commencez à prendre un peu de hauteur.
- Travailler en première : Moins rapide, plus coupleuse et délicate, la première limite les risques d’usure prématurée de l’embrayage. C’est une bonne recette pour gagner en précision sur la gestion des gaz, une compétence essentielle à la maîtrise du wheeling à moto.
- Se filmer pour analyser : Les vidéos m’ont montré que je pouvais oser davantage et y aller plus franchement. Si vous avez l’impression que vous allez vous retourner au début, la roue ne décolle souvent qu’à 30 cm du sol ! Filmez-vous pour gagner en aisance et progresser plus rapidement.
- S’entraîner avec un véhicule léger : Travailler l’équilibre sur un vélo ou une petite moto est un bon moyen d’accélérer le progrès. Cela permet d’ancrer la manoeuvre dans le cerveau, sans trop prendre de risques, physique ou matériel. Travailler en parallèle avec une grosse cylindrée, ou attendez de complètement maîtriser la manoeuvre sur quelque chose de léger avant d’essayer sur une moto plus imposante.
- Optimiser les temps d’entraînement : Des sessions quotidiennes de 20 minutes sont plus efficaces que des marathons de 3 h. Au départ, la technique est très éprouvante et on se fatigue vite. Ainsi, il vaut mieux faire moins et plus souvent plutôt que se décourager rapidement parce qu’on y est allé trop fort. Aussi, les temps de repos permettent de renforcer l’apprentissage.
- Fixer des objectifs réalistes : Apprendre un wheeling parfait debout sur les repose-pieds en tout-terrain prend du temps… Et c’est mon objectif sur le long terme. Pour y parvenir, j’ai du coup décidé de commencer par la roue arrière sur le bitume, en première. Ensuite je vise à passer les vitesses puis à lever en seconde. Et une fois que je maîtriserai parfaitement le point d’équilibre, je répèterai la séquence d’apprentissage, debout sur les repose-pieds. Il y a encore énormément de travail, littéralement des milliers d’essais, et encore beaucoup d’heures d’entraînement. Soyez réaliste, on n’apprend pas le wheeling moto en une après-midi !
- Choisir le bon spot : Trouver l’endroit idéal permet de se focaliser sur la technique plutôt que sur l’environnement alentour. Du coup, je recommande autant que possible de cherche un espace plat, régulier et large, avec une très bonne visibilité. Un endroit TRÈS peu fréquenté ou idéalement une route fermée pour apprendre en toute sécurité.
- S’équiper correctement : Un équipement adapté qui protège l’intégralité du corps est indispensable. La manoeuvre reste risquée et les chutes possibles… Dans tous les cas, il faut choisir quelque chose de confortable et respirant.
- Prévoir un peu de mécanique : Plusieurs éléments sont susceptibles à une usure prématurée si on pratique le wheeling moto. Des impacts répétés affectent les joints spy au niveau de la fourche avant, même constat pour les roulements de colonne de direction. Forcément, l’embrayage est affecté, et potentiellement les pneus. Mieux vaut anticiper !
Mes 2 conseils pour optimiser l’apprentissage du wheeling
1. La discipline
Les circuits neuronaux se forment avec la répétition et chaque tentative permet de les renforcer. Comme pour tout apprentissage, la discipline est essentielle, en particulier pour des exercices moteurs complexes comme le wheeling. Plus on répète un mouvement, plus on renforce les circuits neuronaux, et c’est ce qui permet de transformer un effort conscient en automatisme. Pour parvenir à un wheeling correct, j’ai réalisé plus de 2000 essais !
Si au départ, chaque décollage de roue nécessite une concentration maximale. Au fur et à mesure, le geste devient instinctif et on libère de l’espace cognitif pour aller à chaque fois un peu plus loin dans l’apprentissage. La discipline est ce qui permet de franchir les étapes d’apprentissage jusqu’à ce que la technique devienne une seconde nature.
2. La patience
Le cerveau consolide les apprentissages pendant le sommeil, une phase souvent négligée mais essentielle à l’apprentissage des compétences motrices. Lorsque nous dormons, notre cerveau réactive les circuits neuronaux jusqu’à 60 fois plus vite qu’au moment de l’action, ce processus appelé « sleep spindles » accélère la mémorisation des gestes appris.
Ce phénomène explique pourquoi après une bonne nuit de sommeil, on se sent soudainement meilleur le lendemain. Pour maximiser l’apprentissage, on peut même faire des micro-pauses d’une dizaine de secondes entre les tentatives ou même une sieste dans les 4 heures qui suivent l’entraînement. Des études montrent que ces techniques permettent au cerveau de consolider les nouveaux circuits neuronaux, accélérant ainsi l’apprentissage.
Le wheeling moto : plus qu’un stunt
L’efficacité ne réside donc pas dans la quantité d’heures d’entraînement intensif mais dans la qualité et la régularité des sessions. Pour ma part, j’ai réparti mes 8 heures sur 21 jours, étalés sur un peu plus d’un mois. Apprendre le wheeling m’a permis de repousser mes limites ainsi que de mieux comprendre l’importance d’une progression mesurée. Le processus est aussi gratifiant que le résultat !
Plus qu’un simple stunt, le wheeling force à comprendre en profondeur sa machine. Les subtilités du couple moteur en fonction de la vitesse enclenchée, le timing au niveau de l’embrayage, les subtilités de la traction et surtout, la gestion des gaz. Ces compétences se transfèrent directement à d’autres situations : contrôle en terrain technique, maniabilité à faible vitesse, etc.
Vidéo : mon défi wheeling en images
Vous voulez voir ce défi en action ? Je vous propose alors de retrouvez la vidéo d’apprentissage complète ici ou sur YouTube. Et n’oubliez pas de vous abonner. Ride Safe!
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