Partons du principe que comme nous, vous êtes en Californie. Vous baroudez dans la zone de Los Angeles, San Diego, SoCal comme ils disent ici (pour Southern California). Vous avez peut-être même traversé tous les Etats-Unis par la célèbre Route 66, et il s’agit là de votre destination finale (rien à voir avec le film). Pourquoi ne pas clôturer cette aventure par un dernier road trip moto en Basse Californie ? On vous explique un peu comment bien vous organiser.
Ici, nous avons regroupé toutes les infos nécessaires pour vous planifier un road trip moto en Basse Californie (en voiture ? Ca marche aussi). Une partie du pays, bien souvent oubliée, qui mérite d’être visitée. Enfilez votre paire de bottes off road, votre veste, votre casque, et en avant.
« Papeles por favor » : de quels papiers avez-vous besoin ?
Rentrons dans le vif du sujet. D’un point de vue administratif, de quoi avez-vous besoin pour organiser un road trip moto en Basse Californie et surtout, pour être en règle auprès de nos amis douaniers et policiers ?
1. La carte touristique
Si le séjour dépasse les 7 jours, une carte touristique (Forma Migratoria Múltiple) d’une valeur de $30 sera obligatoire. Ce n’est pas réellement un VISA mais plutôt une carte d’admission sur le sol mexicain. Celle-ci est valable 6 mois, vous pouvez la pré-remplir en ligne et vous arrêter au poste de frontière pour obtenir le tampon. Il est aussi possible de remplir le document sur place.
De notre côté, nous avons opté pour la 2ème solution, et cela n’a duré qu’une petite demi heure. Variable néanmoins en fonction de votre porte d’entrée, j’y reviens plus bas.
2. L’assurance du véhicule
Le second et dernier document est l’assurance spécifique du véhicule, votre fidèle destrier. Les prix dépendent de la monture mais pour vous donner un ordre d’idée : pour notre Yamaha Super Ténéré de 2012 (estimée à $8000 environ), nous avons payé $120 pour 10 jours (soit 110 €). Il y a bien sûr des options que vous pouvez activer et qui peuvent influencer le prix de type dépannage, remorquage… Sachez néanmoins que si vous faites de la piste, vous ne serez pas couvert. L’assurance est donc davantage une formalité administrative obligatoire qu’un vrai gage de couverture, étant donné le nombre de pistes disponibles.
Enfin, si vous avez prévu un plus long voyage, il existe des formules 6 mois ou un an beaucoup plus avantageuses. De l’ordre de $400 pour 6 mois et un peu moins de $600 pour l’année.
Durant notre séjour, bien qu’étant en règle, personne ne nous a demandé quoi que ce soit. Beaucoup de gringos ne s’embêtent pas avec ces formalités, mais mieux vaut partir l’esprit tranquille. Paraît-il que l’on peut soudoyer la police au Mexique ? Pas testé…
Roadmap : par où entrer ?
Maintenant que la paperasse est réglée, qu’en est-il de la roadmap ? Il existe 3 frontières. Une à l’extrême Ouest de la péninsule, une autre à l’extrême Est et une dernière, vous l’aurez deviné, entre les deux. Les temps d’attente sont variables mais, de manière générale, c’est très long pour remettre les pieds aux US et beaucoup plus rapide pour fouler le sol mexicain. Par ordre d’affluence, voici les différents accès :
Tijuana à l’Ouest
La plus empruntée où le trafic peut être très très dense (oui, deux très), mais on s’en fout puisqu’on est en moto, est celle de Tijuana.
Avec plus de 1,6 millions d’habitants d’un côté et presque autant de l’autre, à San Diego, ce sont 300 000 franchissements par jour. La métropole de LA draine aussi pas mal de monde avec pas loin de 20 millions d’habitants… N’hésitez pas cela dit à couper les files, vous verrez très vite que les deux-roues s’en donnent à cœur joie, il serait dommage de ne pas en profiter ! Au passage, c’est tout à fait légal en Californie, cela s’appelle du « lane splitting« .
Mexicali à l’Est
Seconde plus grande ville de Basse Californie du Nord. Même si le nombre de franchissement est moins important, il n’y a que deux voies donc l’expérience peut vite se transformer en petit calvaire. Nous nous souviendrons de cette attente de 5 heures, cette fois où nous étions malheureusement… en voiture.
Entre les deux, Tecate
La dernière entrée, notre préf’, c’est celle de Tecate. Une ville connue puisqu’elle donne son nom à une des marques de bière blonde légère la plus abondamment consommée en Baja. C’est notre petit coup de cœur à nous.
Premièrement, parce qu’elle est beaucoup moins fréquentée que les deux autres. Deuxièmement, parce que c’est une petite ville assez typique et authentique. Et cerise sur le gâteau, on y accède par un col côté californien. Côté mexicain, on se trouve à proximité de la Valle de Guadalupe, section intéressante de notre road trip moto en Basse Californie du Nord.
L’itinéraire à suivre : 5 points d’intérêt
Entre plages de sable fin, pistes caillouteuses, eau turquoise, dunes, récifs marins, vignobles, forêts de cactus…. Que peut-on vous conseiller pour un road trip moto en Basse Californie ?
Ici, je vous partage surtout notre itinéraire. Libre à vous de créer votre propre roadmap autour de ces différents points d’intérêt voire de les ignorer complètement. Cela dit, on ne va pas se mentir : il n’y a pas trente six milles routes. Du moins, pavées. Des pistes par contre, la Baja en regorge. N’oublions pas que c’est la terre d’accueil du rallye Baja 1000 depuis plus de 50 ans. Une course d’endurance off road façon Paris-Dakar de 1000 miles (soit 1700 km) où concourent différentes catégories de véhicules dont bien sûr, la moto, notre préf’ encore une fois.
Pour plus de détails quant à ces destinations, on vous invite à lire notre article consacré à la Basse Californie du Nord et celui consacré à la Basse Californie du Sud.
1. La Valle de Guadalupe
Notre périple a commencé par le franchissement de la frontière à Tecate. Nous avons ensuite emprunté la 3 (route n°3) direction Ensenada. Sur ce fragment de route se trouve la Valle de Guadalupe, une région viticole assez réputée. L’autre raison de son succès est sa cuisine « Baja Med ».
Globalement, y rester une paire de jours vous permettra de découvrir un échantillon des restaurants / hôtels qui jonchent le bord de route. Les prix ne sont pas représentatifs du Mexique, malgré tout, la qualité gustative en vaut le détour. On est clairement sur une zone frontalière où les locaux ont su rendre la zone attractive pour des gringos plus fortunés. On y trouvera aussi la jet-set mexicaine…
2. Le duo Tijuana / Ensenada
A la sortie de la Valle de Guadalupe, on quitte la 3 pour rejoindre la 1, cette route infinie qui (20 heures plus tard) vous mène au bout de la Basse Californie Sud. Ici, vous pouvez choisir de faire un crochet par Tijuana direction Nord, histoire de sentir l’agitation d’une ville frontalière entre deux pays immenses aux modèles économique et politique sensiblement opposés…
Si vous n’êtes pas d’humeur urbaine, la direction Sud vous mènera très rapidement à Ensenada. Un port commercial de pêche connu pour sa cuisine de poissons et crustacés. L’ambiance est détendue et festive. On pourra y déguster une michelada le temps d’une pause (une bière avec du jus de tomate et d’autres épices). Pour les amateurs de surf, ce sera aussi l’occasion de louer une planche et se jeter à l’eau.
3. La traversée d’une côte à l’autre
La 1 s’étire ensuite le long de la côte sur environ 200 km (3 bonnes heures de ride). Malheureusement, cette section longe la côte… sans vraiment se rapprocher du bord. Pas comme la fameuse Pacific Coast Highway (ou PCH) en Californie. Nous n’avons pas pris le temps de rejoindre l’océan mais je suis sûr qu’il y a des pépites le long de cette vaste ligne droite. Si vous avez du temps, n’hésitez pas à décrocher sur la droite pour en voir plus.
Plus au Sud, la route s’enfonce dans les terres. On n’oubliera pas de faire un bon plein voire de remplir une bouteille ou toute autre nasse auxiliaire. Ici, les paysages changent radicalement. On en prend plein les yeux. Une vaste étendue de RIEN, seuls au monde. Une alternance entre terres rougeâtres et vallonnées, plaines désertiques de sable et rochers, lagunes asséchées… Les cactus centenaires vous accompagneront tout au long de cette traversée.
La traversée peut aussi s’effectuer un peu plus au Nord en empruntant la 3 au niveau de Ensenada. Cela dit, les paysages sont moins impressionnants.
4. La Bahia de Los Angeles
Highlight de notre séjour : la baie de Los Angeles mérite le détour. Au lieu de continuer sur la 1, vous devrez décrocher vers l’Est, après avoir dépassé la lagune Chapala d’une bonne heure, et vous rejoindrez ce petit coin de paradis. Ici, on est loin du tourisme de masse car, soyons honnêtes, le dit lieu est à 4 et 5 heures de la civilisation au Nord comme au Sud.
Et là, vous pourrez vous la couler douce. Oublier tous vos soucis et vivre à la Robinson Crusoé dans une cabane au bord de la plage. Vous pourrez manger du bon poisson, partir en excursion pêche voire nager avec des requins baleines, si vous êtes chanceux. Nous vous conseillons le camping écolo Archelon pour $8 la nuit par personne (aux dernières nouvelles en 2020). Les propriétaires sont adorables et pour ce prix, il y a des paddles et des kayaks à disposition. Difficile de trouver mieux. Et tant qu’a y être : faites un saut à playa La Gringa (en photo principale de cet article), elle vaut le détour.
5. L’ascension vers San Felipe
Apres s’être prélassés pendant deux jours, nous avons plié bagage direction San Luis de Gonzaga, une autre « ville » côtière un peu plus au Nord. Pour y accéder, il faut faire 2 bonnes heures de piste dont l’entrée se situe à l’embranchement de la lagune Chapala (mentionnée plus haut). Piste, mais qui a un « nom » puisque c’est la 5 en direction du Nord.
A mi-chemin, au beau milieu de rien, vous trouverez Coco’s corner : la demeure d’un vieil estropié qui se fera une joie de vous raconter quelques anecdotes et vous offrir de quoi vous désaltérer. Le personnage est connu du monde des aventuriers (update : malheureusement, Coco nous a quittés en 2022 mais le passage restera mythique).
San Luis de Gonzaga est disons, un lieu de villégiature pour riches Américains. Il y a même une piste d’atterrissage le long de la plage, au cas où vous voudriez venir avec votre petit avion privé. Vous trouverez : une station service et un restaurant qui ferme tôt étant donné l’affluence inexistante. C’est tout. Bien que les paysages soient beaux, l’absence d’activités rend le lieu un peu moins intéressant.
Le reste de la côte, au Nord, est similaire voire même plus authentique. Les vues sont magnifiques mais le tourisme est… inexistant. Du coup, entre San Luis de Gonzaga et San Felipe vous trouverez un seul petit restaurant sur le bord de la route au niveau de Puertecitos. Ne le ratez pas !
En continuant votre ascension sur la 5, vous retrouverez la civilisation à San Felipe. C’est une des villes les plus développées, ville que nous avons beaucoup appréciée. La côte est très belle, les plages infinies, tout comme les possibilités pour se restaurer. Nous conseillons d’ailleurs Mariscos La Palma pour manger fruits de mer et poissons ultra frais. Le camping est gratuit sur la plage principale. Si vous optez pour le calme, descendez un peu plus au Sud. La nuit devrait avoisiner les $10-15 mais c’est un peu (totalement) à la tête du client.
Un petit mot pour la fin : la préparation de la moto
Un dernier mot sur la préparation de la moto pour votre road trip moto en Basse Californie. Nous partons du principe qu’en bon motard, vous êtes pointilleux sur l’entretien de votre engin. Pensez à vérifier la pression des pneus régulièrement, l’état de la route n’étant pas toujours en votre faveur.
Pour ce qui est de l’essence, une portée d’environ 350 km est suffisante. Si vous vous débrouillez en espagnol, vous n’aurez pas de mal à trouver quelqu’un pour vous dépanner en cas de panne sèche. Les Mexicains sont plutôt sympas avec les motards. Si vous êtes du genre aventurier, prenez de quoi réparer une crevaison avec une mèche. Du moins, temporairement.
A moins d’être expérimenté et un peu fou, nous ne vous conseillons pas de vous jeter dans la gueule du loup directement. Vous savez, cette piste qui relie les deux côtes : 250 km de bain de sable que personne n’emprunte, et où il avoisine les 50°C. On laissera ça pour les coureurs du rallye. Nous, débutants de la piste mais toutefois friands d’aventures, nous privilégierons les débuts de pistes perpendiculaires aux axes principaux. Ils deviennent très vite sauvages et vous permettent de goûter aux joies du off road, sans prendre le risque de vous perdre à 2 h de la moindre civilisation.
Assurez vous d’avoir le double d’eau de ce qui vous semble raisonnable. Globalement, il fait chaud, et en fonction de la période, il fait très chaud. Quoi d’autres ? Je crois que c’est tout. Allez, une petite sélection de photos argentiques pour la route, ça n’a jamais fais de mal à personne…
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