Conseils de pilotage

Comment faire un demi tour serré en moto ?

réussir un demi tour serré en moto
5
(1)

Le demi-tour en moto est un classique, et pas seulement du off-road à moto. C’est une manoeuvre importante, ne serait-ce que pour passer son plateau au permis de moto. Ici, dans cet article vidéo, on revient en détails sur le demi-tour serré en moto sur deux types de terrains : le bitume et un sol meuble.

Pourquoi s’entraîner ?

On ne va pas mourir parce qu’on ne sait pas faire un demi-tour serré en moto. Par contre, on peut serieusement se mettre en danger en faisant un demi-tour en dix temps en plein milieu de la route. On peut aussi faire tomber sa moto en plein milieu du demi-tour parce qu’on n’a pas suffisamment de contrôle sur la bécane. Autant de raisons qui font qu’il est, à mon sens, important de savoir faire un demi-tour serré en moto, quel que soit le terrain.

3 conditions essentielles au demi-tour serré en moto

Qu’on soit sur le bitume ou sur un sol meuble, il existe trois points essentiels sur lesquels travailler pour réussir son demi-tour serré :

  • la vision
  • la répartition des masses
  • et l’élan

Ce qui va changer, en fonction du terrain, ce n’est que la vitesse ainsi que l’angle avec lequel faire le demi-tour. Selon moi, il est important de savoir faire la manoeuvre sur les deux types de terrains.

Réussir un demi-tour serré en moto sur route

Ici, la manoeuvre peut être utile au quotidien ou pour tout simplement réussir son épreuve de plateau ; le demi-tour à moto est en effet une épreuve du plateau du permis qu’il est essentiel de maîtriser.

La largeur moyenne d’une voie en France est de 3m50. Si vous voulez réaliser un demi-tour serré en moto, il faudra être capable de le réaliser dans un cercle de 7m de diamètre. Le rayon minimum de votre demi-tour est déterminé par votre vitesse. La seule facon de réduire ce rayon, c’est de prendre de l’angle. A même vitesse, plus je prends d’angle avec ma moto, plus le rayon de mon demi-tour est serré. Sur un terrain à forte traction comme le bitume ou de la terre compacte, on peut se permettre d’aller plus vite et de prendre davantage d’angle.

1. Poser son regard

Ici comme dans beaucoup de manoeuvres à moto, le regard initie le mouvement. Avant même de tourner le guidon, on conseille de regarder dans la direction de votre demi-tour. Et ici, on ne parle pas simplement de tourner la tête : il est vraiment question d’ouvrir son buste et de tourner ses épaules.

Concrètement, une fois que le guidon est en butée, mon bras intérieur est tendu, avec l’épaule basse, et mon regard au-dessus. Le bras extérieur quant à lui est relevé, coude en l’air, et un peu plié. Enfin, pensez à relever le regard vers l’horizon, ne regardez pas le sol.

2. Bien répartir son poids

Pour prendre de l’angle alors qu’on roule à faible allure, il est aussi important de correctement répartir son poids. Pourquoi ? Pour conserver le centre de gravité du combo poids / pilote dans un même espace donné pendant toute la durée du demi-tour.

Pour ce faire, décalez bassin et buste vers l’extérieur du virage. Vous pouvez aussi pivoter vos pieds afin que vos genoux pointent dans le sens du virage. Enfin, asseyez-vous au plus près du réservoir. Car si vous êtes trop loin du réservoir, vous allez être limité pour votre bras tendu, et vous ne pourrez pas vous décaler vers l’extérieur.

3. Se lancer !

Maintenant que le regard se porte au bon endroit et que l’on adopte la bonne position, la prochaine étape consiste à s’engager dans le demi-tour. Il faut laisser la moto rouler librement, arriver avec suffisamment d’élan, embrayer, et freiner juste avant de pencher la moto. Personnellement, j’aime bien freiner de l’avant, parce que cela permet de transférer le poids vers l’avant, et cela facilite ma prise d’angle.

Autre astuce intéressante : contre-braquer juste avant la prise d’angle, après le freinage. Pour rappel, contre-braquer consiste à pousser sur le guidon dans la direction opposée à notre virage. Cette astuce aussi va permettre à la moto de prendre plus facilement de l’angle.

A tester à la maison

Rien de tel que faire un test pour bien comprendre. Pour bien comprendre cette idée, je vous conseille de partir à l’arrêt avec le guidon en butée dans le sens inverse du demi-tour que vous souhaitez réaliser. Cela peut sembler contre-intuitif mais essayez ! Vous verrez qu’il est plus facile de réaliser un contre-braquage avant de partir plutôt que de partir avec le guidon dans une position neutre voire déjà tourné dans le sens du virage. Du coup, en termes de position sur le terrain, dans le choix de ma ligne, j’essaie toujours de me laisser 50 cm sur le côté afin de pouvoir réaliser mon contre-braquage.

Pendant le demi-tour, j’embraye à fond et je laisse la moto rouler librement. Au fil de la manoeuvre, on perd de la vitesse et la moto semble de plus en plus lourde. C’est lorsqu’elle devient trop lourde, qu’il faut alors accélérer et débrayer. Cela permettra de redresser la moto et de clôturer ce demi-tour proprement.

En piste : réussir un demi-tour serré en moto sur terrain meuble

Sur terrain meuble, comme de la terre, du sable, des feuilles : le principe général reste similaire au demi-tour sur bitume. A savoir, j’initie mon demi-tour avec le regard, je compense l’inclinaison de la moto avec une position du corps adaptée puis je gère l’élan aux commandes. La difference ici, est qu’on a plus de chance de déraper dans la boue, le gravier ou sur des feuilles… Si on arrive trop vite ou qu’on incline trop la moto. L’avant chasse, et on glisse. La clé est donc de doser parfaitement l’embrayage, le freinage et l’accélération avant d’initier son demi-tour.

1. Scanner le terrain

La première chose essentielle, quand il est question du regard, est de bien scanner le terrain pour voir s’il y a des obstacles et pour ainsi adapter sa vitesse. Nid de poule ? petite bosse ? tas de branches ? Tout cela déterminera la façon dont vous allez opérer les commandes.

Aussi, choisissez idéalement un endroit où il y a assez de place, les chemins en tout-terrain sont généralement plus étroits que les doubles voies classiques sur l’asphalte… Puis utilisez toute la place à disposition : placez-vous, le plus à l’extérieur du chemin. Ici, pas de contre-braquage. Le regard se pose dans le sens du virage mais moins loin que sur l’asphalte. L’idée est en effet de garder un oeil sur le terrain et ses aspérités pour constamment moduler sa vitesse et sa trajectoire.

2. Contrer la gravité

Ici, comme on approche le demi-tour à faible allure, la force dominante est la gravité. La moto va en effet prendre de l’angle, et il faudra exercer une force opposée équivalente pour la maintenir en équilibre sur les deux roues. A quel point doit-on faire contrepoids ? Ici, cela dépend de plusieurs paramètres dont principalement

  • le poids de la moto
  • le poids du pilote

Le mouvement sera plus accentué pour un pilote de 78 kilos sur une Super Ténéré vs. un pilote de 90 kilos sur une T7. D’autres paramètres rentrent aussi en compte comme notamment l’inclinaison du terrain…

3. Trouver la bonne position

Mon astuce en termes de position est de se mettre debout sur les repose-pieds puis de décaler son bassin, son buste, ses épaules et sa tête. Plante des pieds sur les repose-pieds et pivoter également le bas du corps dans le sens du demi-tour. Vous pouvez aussi planter votre genou extérieur dans le réservoir, et se reposer majoritairement sur le repose-pieds extérieur. Si vous n’êtes pas à l’aise avec la position debout, sachez que vous trouverez un article sur notre blog qui détaille les bénéfices d’une position debout en off-road – on vous le conseille !

4. Gérer son élan, et son embrayage

Dans cette manoeuvre, la commande la plus importante est l’embrayage. Il est important de savoir l’opérer en douceur, avec finesse. Si je veux ralentir et resserrer mon rayon (pour un demi-tour plus serré), je fais légèrement patiner l’embrayage. Et si je veux redresser ma moto ou que je vois que j’ai suffisamment de place pour élargir mon demi-tour, il suffit de relâcher le levier d’embrayage et de donner un petit coup d’accélérateur.

Pour opérer mon levier d’embrayage avec finesse, je n’utilise qu’un à deux doigts. C’est aussi vrai pour le frein.

Il y a un réflexe instinctif, en tant qu’humain, qui consiste à s’agripper aux choses lorsque l’on a peur. Si vous sentez la moto tomber, et que vous avez quatre doigts sur les leviers, vous allez agripper le frein ou l’embrayage… Cela résultera automatiquement dans une chute ! Utiliser un ou deux doigts vous permettra, à termes, de dissocier l’opération des leviers de ce réflexe de préhension instinctif qui survient lorsqu’on a peur.

En fait, maîtriser son embrayage consiste à tout simplement comprendre que l’on n’a pas besoin d’opérer le levier dans l’intégralite de sa course… Il faut savoir faire patiner son embrayage, l’opérer dans cette zone de friction, pour obtenir un maximum de contrôle sur sa bécane. Ma moto a 160 000km, et je patine mon embrayage en permanence sur la route et en tout-terrain. Pourtant, j’ai toujours l’embrayage d’origine ! Si vous faites patiner votre embrayage correctement, avec douceur, il n’y a aucune raison qu’il ne brûle.

Si vous êtes capable de déterminer la vitesse dont vous avez besoin pour réaliser votre demi-tour, et que vous pouvez soustraire ou additionner de la traction à la roue arriere avec votre levier d’embrayage, vos demi-tours vont devenir un jeu d’enfant…

Le demi-tour serré en moto en vidéo

On termine cet article avec un test réalisé en vidéo : Max a essayé d’aborder le demi-tour, toujours à même vitesse, mais dans des positions différentes pour voir dans laquelle il se sentait plus à l’aise. Assis, debout, ou en effectuant un mouvement de contrepoids.

Pour conclure : je ne pense pas qu’il y ait une difference significative dans le rayon de mes demi-tours serrés en fonction de ma position. Vous pouvez ainsi choisir la méthode qui vous plaît le plus, celle où vous vous faites vraiment plaisir. De mon côté, j’apprécie les trois positions :

  • La position assise est selon moi la plus stable
  • En fonction du terrain et si le terrain est vraiment complexe, je préfère (et recommande) être debout
  • La position d’équilibriste qui consiste à contrebalancer de manière très accentuée est pas mal pour s’entraîner à l’équilibre de sa moto…

Je termine comme d’habitude en disant que selon moi, la clé de la réussite est l’entraînement. Vous allez faire tomber votre moto, comme moi, et c’est normal, cela fait partie du jeu ! D’ailleurs, si c’est votre frayeur, on vous recommande notre article sur les chutes à moto : pour bien vous préparer et connaître les techniques pour vous relever. Puis, allez-y, équipez-vous, et entraînez-vous.

Vous avez aimé cet article ?

Alors notez-le !

Note moyenne 5 / 5. Nombre de votes 1

L'article n'a pas encore été noté... Soyez le premier !

On est désolé que vous n'ayez pas apprécié cet article...

Aidez-nous à nous améliorer !

Dites nous comment nous pouvons améliorer cet article

You Might Also Like

No Comments

    Leave a Reply